Rond point de Géant Casino, hier matin à Champniers. À l'entrée du parking, une vingtaine de salariés accueillent les clients en distribuant des tracts. Le sujet : au recto, les salaires, au
verso, la reconnaissance de la pénibilité du travail. « C'est relativement bien perçu par les gens », souligne Dany Aimé, déléguée syndicale CGT. Qui ne sait pas que les caissières morflent
pour des salaires peau de chagrin ?
C'était hier la Journée mondiale de l'Organisation internationale du travail pour la sécurité et la santé au travail. Quatre syndicats (CGT, CFDT, FSU, Unsa) avaient appelé à un rassemblement
commun place Hergé « pour l'amélioration des conditions de travail et la reconnaissance de la pénibilité ».
Dans le groupe Casino, il s'agissait d'un mouvement national pour demander la réouverture de négociations salariales. Les 2,5 % d'augmentation ne suffisent pas à compenser la flambée des prix.
Et alors que les primes d'intéressement et de participation 2010 étaient en chute de 32 %, les actionnaires se sont distribué… 424 millions de dividendes (hausse de 34 %).
La CGT Casino Angoulême avait choisi d'appeler à débrayer ce jeudi. Au final, les deux mouvements se complétaient. D'où le tract recto-verso.
« Caissière à plein-temps, c'est dur. On a des problèmes de bras. On est toutes déglinguées », décrit Éliane. « Il m'arrive d'être onze heures ici, avec la coupure, poursuit-elle. Nos salaires
aussi, ça ne va pas. » Les salaires sont au ras des pâquerettes. Nadine, à trente heures, touche « 920 € net après trente-six ans de boîte ». « Moi, je travaille depuis le 1er avril 1974 et
j'ai 1 166 € net », lance Dany Aimé, en poste à l'approvisionnement. « Que les actionnaires gagnent de l'argent, c'est normal, mais qu'au moins, au bout de la chaîne, les gens aient des
salaires décents et des conditions de travail décentes ! »
Nouvelle donne à la retraite
C'est sous forme d'une étrange tombola que s'est déroulée la manifestation intersyndicale, rue Hergé. Les lots ? Des symptômes de maladie du travail. Se sont ensuite enchaînés les témoignages
de salariés. « Les salariés de la grande distribution ingérés par une grande machine qui avale et digère sans cesse. » Mais aussi ceux de l'Éducation nationale pressés comme des citrons ou
encore les salariés de France Télécom secoués par le drame de mardi.
« Les organisations syndicales ont toutes refusé les décrets du gouvernement sur la pénibilité au travail, racontent Évelyne Videau de la CGT et Michel Épinoux pour l'UD-CFDT. Surtout celui qui
dit qu'il faut dix-sept ans d'exposition à la même nuisance au même poste pour être déclaré en invalidité ! En gros vous avez dix ans d'exposition à l'amiante et sept à la radioactivité, ça ne
marche pas ! » Avec la réforme des retraites, l'allongement du temps de travail, les syndicats sont alarmés. « Il faut aller vers une nouvelle prise en compte du travail, on ne peut pas rester
sur les mêmes chiffres qu'avant ! »